jeudi 18 juin 2015

La politique espagnole dans "le Monde" français

Premier couac à la mairie de Madrid dirigée par Podemos

Le Monde.fr |  • par Sandrine Morel
Il n’aura fallu que quelques jours pour que le nouveau conseil municipal dirigé par l’ancienne juge Manuela Carmena, avec la plateforme d’unité populaire Ahora Madrid, soutenue par Podemos, n’endure sa première crise. Lundi 15 juin, le conseiller municipal chargé de la culture, Guillermo Zapata, a dû démissionner pour des plaisanteries douteuses publiées... quatre ans plus tôt!.
Dès le 13 juin, jour de l’investiture de Manuela Carmena, la presse espagnole s’était fait l’écho de blagues antisémites postées en 2011, sur son compte Twitter.« Comment met-on 5 millions de juifs dans une (Seat) 600. Dans le cendrier »,avait-il posté à l’époque, ainsi que des blagues de mauvais goût sur une victime du groupe séparatiste armé ETA.

Bien que citées entre guillemets dans le cadre d’une vive polémique sur les limites de l’humour, à une époque où le réalisateur Nacho Vigalondo avait été limogé du journal El Pais pour plusieurs plaisanteries sur l’Holocauste, ces blagues ont provoqué à l'heure actuelle une vive polémique en Espagne. Les appels à la démission n’ont pas tardé, aussi bien de la part du Parti populaire (PP, droite) que des socialistes dont le soutien a été clé pour permettre l’investiture de Manuela Carmena. La chef de l’opposition conservatrice à la mairie de Madrid, Esperanza Aguirre (Parti populaire), a appelé Manuela Carmena à exiger la démission de l’élu, sans quoi« elle sera complice de ses horreurs ».

Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes ont défendu M. Zapata et dénoncé un lynchage médiatique. Ils ont rappelé que d’autres personnes, qui plus est en fonction lors de leurs déclarations, ont exprimé des messages injurieux, offensants ou racistes. Et de citer un conseiller municipal conservateur de Fuengirola qui a fait des blagues sur les gitans, un élu conservateur de Talavera La Reina arborant un drapeau franquiste, l’ancien maire de Valladolid multipliant les commentaires machistes sur le physique de ministres socialiste, le maire du village de Beade en Galice, Senén Pousa, qui a accroché au-dessus de son bureau une grande photo de Franco ou encore la députée Andréa Fabra qui avait lancé une exclamation pour le moins grossière. Aucune de ces personnes n’avait dû démissionner.
Guillermo Zapata a présenté ses excuses dès le dimanche et rappelé le contexte de leur publication, ajoutant qu’il « condamne fermement tout type de racisme et évidemment également l’antisémitisme » et que « de l’Holocauste juif découle une leçon que l’humanité ne devrait jamais oublier, pour que cela ne se reproduise jamais. » Mais la polémique avait déjà pris une ampleur telle que pour y couper court et éviter de jeter le discrédit sur une équipe municipale scrutée à la loupe par les médias conservateurs, il a présenté sa démission du poste d’adjoint à la culture lundi 15 juin, après une réunion avec Manuela Carmena. Néanmoins, il conservera sa fonction de conseiller municipal en charge d’un des quartiers de Madrid

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